Résumé

La diversité cultivée est un atout d’innovation majeur pour une variété d'acteurs en appui à la poursuite d’objectifs sociaux, économiques et culturels. La présence de diversité cultivée dans les systèmes de production agricole est une résultante de la capacité de ces acteurs à s’approvisionner en semences à travers divers canaux, à produire pour différents types d’usage et à maintenir de la diversité cultivée pour assurer la résilience des systèmes de production. Une telle diversité cultivée couvre par conséquent une très grande diversité de pratiques de gestion de la diversité cultivée (PGDC). Cependant, une inadéquation institutionnelle est observée entre les politiques et les règlements d'une part, et la diversité des pratiques de gestion de la diversité cultivée d'autre part. Très souvent dans le débat politique aussi bien que scientifique, tout se passe comme si cette question de l’inadéquation se résumait à une opposition binaire entre les systèmes dits formels /agriculture commerciale et informels/ agriculture familiale. L'ambition globale du projet CoEx est d'améliorer notre compréhension de cette inadéquation entre les politiques et les lois sur les ressources et les ressources génétiques et les pratiques de gestion de la diversité des cultures et de proposer des mécanismes de gouvernance novateurs qui tiennent mieux compte de la diversité des PGDC. Sur la base d'un partenariat multi-acteur et d'une approche multi-niveaux, CoEx comprend trois composantes complémentaires. La première composante décrit la diversité des politiques, des mécanismes institutionnels et des perceptions des acteurs liés aux semences et aux PGDC aux niveaux international, régional (Afrique de l'Ouest), national (Sénégal, Burkina Faso, Mali et Niger) et sous-national. La deuxième composante se concentre sur la diversité des PGDC, en documentant: i) à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest, les sources utilisées par les agriculteurs pour se fournir en semences en fonction des cultures et des variétés; (ii) comment les échanges des semences sont intégrés dans les réseaux sociaux à l'échelle locale. Ces deux premières composantes viennent alimenter une réflexion institutionnelle permettant de déboucher sur les moyens de combler l'écart entre les politiques et les pratiques à l’échelle des institutions de recherche, à travers notamment leur politique partenariale avec les organisations paysannes et la gestion ex situ de la diversité cultivée. De nouveaux espaces de dialogue entre les différents acteurs impliqués dans la gestion de la diversité des cultures seront mis en place pour mener à bien ces réflexions institutionnelles et devront déboucher sur le développement (voire l’expérimentation) de nouveaux mécanismes de gouvernance pour la coexistence de différentes PGDC. CoEx jette enfin les bases d’un suivi longitudinal des modèles de gestion de la diversité des cultures.

Summary

Crop diversity is a key asset for innovation by a range of actors in support of multiple social, economic and cultural objectives. However, an institutional misfit is observed between policies and regulations on one hand, and the diversity of practices of crop diversity management (CDM), on the other. The need to move beyond the usual opposition between the so-called formal/commercial and informal/farmers’seed systems is widely perceived in the sector but the enabling scientific research of new characterization modalities and practical solutions, has not been structured and undertaken yet. The overall ambition of the CoEx project is to improve our understanding of the gap between seed and genetic resources policies and laws, and crop diversity management practices, and to propose innovative governance mechanisms that account better for the diversity of CDM practices. Based on a multi-stakeholder partnership and multi-level approach, CoEx includes three complementary components. The first component describes the diversity of policies, institutional mechanisms, and actors’ perceptions related to seed and CDM at the international, regional (West Africa), national (Senegal, Burkina Faso, Mali and Niger) and sub-national levels. The second component focuses on the diversity of CDM practices, by documenting: (i) at the West African scale, the sources used by farmers to supply seed as a function of crop and varieties; and (ii) how seed movements are embedded in social networks at the local scale. The two first components are complementary, and a comparison between them should empirically reveal the discrepancy between policies and practices. The discrepancies will be discussed in multi-actor forums and the third component will co-develop and experiment innovative governance mechanisms for the coexistence of different CDM practices, with close collaboration between research, different end-users, and ex situ collection managers in the context of research projects and ex situ collections. CoEx lays the foundation for longitudinal monitoring of patterns in crop diversity, crop use and seed access and exchange. It also opens new spaces of dialogue between the various stakeholders involved in crop diversity management.

Coordinateurs : S. Louafi et M. Thomas (Cirad, UMR Agap)
COEX: Adaptive Governance for Coexistence of Crop Diversity Management Strategies