Résumé

La production mondiale de bananes, qu'elle soit destinée aux marchés locaux ou à l'exportation, est menacée par plusieurs maladies et parasites dont la cercosporiose noire et la fusariose TR4 sont les maladies fongiques les plus dévastatrices. Afin de proposer des solutions variétales pour lutter contre ces maladies, nous avons recours à une stratégie appelée « amélioration par reconstruction ». Elle s’appuie sur la recherche des meilleures aptitudes à la combinaison entre deux diploïdes dont l'un, doublé par un traitement à la colchicine, est donneur de diplo-gamètes. Cette approche originale vise à associer les caractères favorables apportés par les deux parents et à maximiser l'hétérozygotie dans les descendances triploïdes.

La finalité de nos travaux sur bananes dessert est la sélection de variétés triploïdes multi-résistantes en priorité aux maladies fongiques (cercosporioses et fusarioses), ayant une bonne adaptation aux contraintes agronomiques et répondant à de fortes contraintes de qualité des fruits, tout en préservant, voire améliorant, la productivité et l’adaptation des produits aux différentes filières. La sélection et la validation des variétés sont conduites sur la base d’une approche participative, en partenariat avec les acteurs de la recherche développement et des filières, au niveau national et international.

Sur la plateforme de création/sélection banane dessert de Neufchâteau en Guadeloupe, une population d’amélioration de plus de 2600 hybrides triploïdes de bananiers, obtenus par croisement de 48 géniteurs, a été évaluée pour 24 caractères agro-morphologiques.
Une décomposition de la variance génétique des hybrides a été effectuée révélant les contributions des composantes aux caractères évalués : l'aptitude générale à la combinaison (AGC) du parent diploïde, l’AGC du parent tétraploïde, l’aptitude spécifique à combinaison des parents (ASC) et la composante génétique hybride résiduelle. Le calcul de l’héritabilité des caractères et l’estimation des corrélations génétiques ont permis d’identifier les critères à évaluer en sélection précoce. A partir du génotypage des parents, la capacité prédictive d’un modèle de prédiction génomique de la valeur moyenne des croisements a été évaluée par validation croisée. Cela Permet d’identifier a priori de bonnes combinaisons parentales qui n’ont pas été évaluées, potentiellement avec des parents qui ne font pas encore partie du dispositif.Les données de phénotypage ont été ajustées pour effacer les facteurs environnementaux et ont été utilisées afin de réaliser une analyse de type GWAS. Des zones du génome associé aux caractères ont été détectées et vont permettre une sélection assistée par marqueurs. Ces travaux ont été menés en collaboration avec l'équipe Structure et évolution des génomes (SEG).