Jeudis d'AGAP : Mathieu THOMAS

14 janvier 2016

Montpellier, Cirad Lavalette, Amphithéatre Alliot, de 11h à 12h

Étude de la distribution locale de la diversité cultivée par l'analyse des réseaux d'interactions Hommes-Plantes ​

La biodiversité cultivée est-elle distribuée aléatoirement au sein des agro-écosystèmes ? L'étude des interactions hommes-plantes est particulièrement importante pour répondre à cette question. Dans cet exposé, je me focalise sur l'analyse de données d'inventaires de plantes cultivées à l'échelle d'une exploitation agricole. Ces données constituent le matériel de base des éthnologues s'intéressant aux relations Homme-Nature. Ces données permettent généralement de calculer des indices de diversité (richesse, Shannon, Simpson, équité, etc.) à une échelle donnée, par exemple celle d'un village. Ces indices unidimensionnels résument énormément l'information présente dans ces données d'inventaires. Pour mieux valoriser cette information, un ensemble de méthodes statistiques basées sur l'analyse des réseaux et des tests non-paramétriques sont introduites. En effet, ces données d'inventaires peuvent être représentées sous forme d'un réseau bipartite avec d'une part des nœuds correspondant aux différents agriculteurs d'un village, et de l'autre des nœuds correspondant aux différentes espèces (ou variétés) qu'ils cultivent. Les liens entre ces deux types de nœud indiquent quelles plantes sont cultivées par quels agriculteurs. Les méthodes basées sur l'analyse de réseaux bipartites permettent notamment d'identifier dans un village donné si certaines variétés ou espèces sont plus ou moins rares et si certains agriculteurs se distinguent par le niveau de diversité cultivé. Nous pouvons également tester si les agriculteurs cultivant relativement peu de diversité contribuent néanmoins significativement à la diversité observée à l'échelle d'un village donné. Ces méthodes sont illustrées à l'aide d'une méta-analyse portant sur 50 jeux de données collectés dans 10 pays (18 au niveau spécifique et 32 au niveau variétale). Nos résultats montrent que : i) les plantes cultivées sont rarement distribuées aléatoirement, et ii) il n'existe pas un profil type de distribution de la diversité cultivée, mettant en évidence l'existence d'une dépendance forte entre les profils de distribution et les contextes socio-culturels et environnementaux. Cette diversité de profils reflète une capacité des agriculteurs à s'auto-organiser différemment en fonction du contexte dans lequel ils évoluent, conférant aux agro-écosystèmes des propriétés d'adaptation aux changements globaux.

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Mathieu THOMAS